La Succession dans les Chefferies Traditionnelles au Cameroun
Dans la culture camerounaise, la succession au trône est une affaire de lignée directe, se transmettant de père en fils. L’intervention d’oncles ou de frères au sein de la même lignée est interdite, sauf en cas de circonstances exceptionnelles.
Contrairement aux élections administratives, l’accession au trône dans une chefferie traditionnelle ne dépend pas d’un vote. Elle obéit aux us et coutumes, un processus similaire dans la majorité des ethnies camerounaises comme les Beti, les Bamiléké, et les Sawa. Dès la mort du chef, son inhumation est immédiatement suivie d’une procédure de succession pour désigner et présenter son successeur lors des obsèques officielles.
L’Âge, un Obstacle à la Succession ?
L’âge du successeur n’empêche pas sa désignation. Que le successeur soit jeune ou âgé, la nomination doit respecter les traditions et les valeurs du village. Cependant, dans certains cas, des successeurs très jeunes sont incapables d’assumer leur rôle immédiatement. Pour éviter une vacance du pouvoir, un tiers (oncle, frère, cousin) peut être désigné comme gardien intérimaire. Ce processus peut toutefois mener à des conflits, car certains gardiens refusent de restituer le trône au successeur légitime, provoquant des luttes de pouvoir. Un exemple notable est celui du chef de la chefferie Batcham, SM Djeutsa Sonkoué Adrien, monté sur le trône à seulement 13 ans.
Les Dangers de la Succession Testamentaire
Il arrive parfois que le chef décédé laisse un testament désignant un successeur, ce qui peut entrer en conflit avec les traditions locales et engendrer des divisions dans la communauté. Dans l’absence d’enfants, ce sont généralement les frères du défunt qui choisissent un successeur. Cependant, des écrits testamentaires peuvent aussi nommer un fils ou un autre membre de la lignée, même s’ils ne sont pas les héritiers naturels. C’est ainsi que le roi DIKA MPONDO, avant sa mort, a désigné son fils MPONDO DIKA Ludwing pour lui succéder, malgré les coutumes.
Le Principe Électif et la Chefferie
Avec la décentralisation, les chefs traditionnels deviennent des auxiliaires de l’administration. Bien que l’administration installe les chefs via une autorité compétente, le processus électif par un collège composé de notables ou de chefs de village n’est pas conforme au droit traditionnel. Seuls les membres de la famille régnante peuvent prétendre au trône, et ceux qui ne sont pas éligibles ne devraient pas participer à l’élection d’un chef.
Exemple de la Chefferie de Bomono Ba Jedu
Le cas de la chefferie de Bomono Ba Jedu souligne l’importance de maintenir la succession au sein de la famille régnante, sans interférence d’un collège électoral extérieur à celle-ci.