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La guerre de décolonisation au Cameroun : révélations d’un rapport officiel et les zones d’ombre d’un passé oublié

Le Cameroun, comme de nombreux pays d’Afrique, porte les cicatrices d’un long processus de décolonisation. Une vidéo dont la transcription a récemment fait surface (source : transcript YouTube) révèle des détails saisissants sur la répression…

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Un partisan de l'UPC (l'Union des populations du Cameroun) se recueillant sur la tombe de Ruben Um Nyobé, à Eseka, le 11 décembre 2019. © AFP
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Le Cameroun, comme de nombreux pays d’Afrique, porte les cicatrices d’un long processus de décolonisation. Une vidéo dont la transcription a récemment fait surface (source : transcript YouTube) révèle des détails saisissants sur la répression violente opérée par les autorités coloniales françaises lors de la lutte pour l’indépendance. Un rapport officiel de plus de 1000 pages vient désormais faire la lumière sur ces événements, longtemps occultés par l’histoire officielle.

Contexte historique et émergence de la lutte pour l’indépendance

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, une partie du Cameroun, sous mandat français depuis 1922, est placée sous tutelle par l’ONU. L’objectif affiché était d’amener les populations camerounaises vers l’autonomie et l’indépendance. Dans ce contexte se structure rapidement un mouvement nationaliste porteur d’espoir :

  • L’Union des populations du Cameroun (UPC), un parti politique qui réclame l’indépendance du pays, connaît un succès fulgurant auprès des Camerounais.
  • Ce succès inquiète les autorités coloniales françaises, qui vont alors déployer diverses stratégies pour freiner le mouvement (​, ).

Les stratégies de répression et la réponse coloniale

Face à l’essor de l’UPC, les autorités coloniales mettent en place des mesures de rétorsion complexes :

  • Création de faux partis et manipulation du paysage politique pour détourner l’élan indépendantiste.
  • Mise en place de mesures judiciaires répressives dès 1955, visant à déclarer l’UPC illégale et à freiner la mobilisation des nationalistes.
  • Répression ciblée contre les membres de l’UPC, dont beaucoup sont fonctionnaires et voient leur carrière brisée par des mutations arbitraires et des restrictions de déplacements, notamment à l’ONU.
    Ces manœuvres politiques et judiciaires préfigurent une répression de plus en plus violente qui se fera sentir sur l’ensemble du territoire.

Les violences et massacres : le massacre d’Équité et l’assassinat des leaders

La violence de la répression coloniale ne se limite pas aux mesures administratives. La vidéo relate plusieurs faits marquants :

  • Le massacre d’Équité (30-31 décembre 1956)
    Lors d’une réunion pacifique rassemblant plusieurs militants upécistes dans une maison privée, l’armée française lance un assaut brutal.
    • Les archives militaires évoquent environ 20 morts, alors que des témoins locaux estiment que le bilan se chiffre entre 100 et 200 victimes.
  • L’assassinat de Ruben Umiobé, leader de l’UPC
    Alors qu’il se cachait dans le « Maqui » (le terme désignant les zones de résistance armée), Ruben Umiobé est tué par l’armée française dans le cadre d’une opération ciblée.
    Ces événements illustrent l’ampleur de la violence coloniale qui, selon les estimations officielles, aura coûté la vie à environ 7 500 combattants camerounais entre 1956 et 1962, bien que d’autres estimations chiffrent les victimes à plusieurs dizaines de milliers.

Un rapport officiel pour réhabiliter la mémoire

Le rapport mentionné dans le transcript, rendu en janvier 2025 aux présidents français et camerounais, compile des faits jusqu’en 1971. Il met en exergue le rôle ambigu de la France qui, malgré l’indépendance du Cameroun le 1er janvier 1960, continue d’intervenir politiquement et militairement :

  • Maintien d’une présence française post-indépendance
    Paris aurait poussé pour qu’Amadou Aidjo soit à la tête du Cameroun, assurant ainsi une dépendance durable vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale.
  • L’absence de reconnaissance officielle
    Jusqu’à aujourd’hui, la France n’a jamais reconnu officiellement sa responsabilité dans ces violences. Comme le rappellent les historiens interrogés dans le rapport : « Nous avons fait notre part du travail, nous attendons maintenant que les politiques fassent la leur. »

Conséquences et enjeux contemporains

L’héritage de ces événements continue d’influencer la vie politique et sociale du Cameroun :

  • La mémoire des massacres et des répressions reste vive dans le pays, alimentant des revendications pour la reconnaissance et des réparations.
  • La gestion de cette partie de l’histoire est également un enjeu de crédibilité pour la France, qui demeure silencieuse sur son implication dans ce conflit sanglant.
  • Enfin, la publication de ce rapport ouvre la voie à un débat plus large sur la réévaluation des politiques coloniales et leurs conséquences à long terme (​).

Extraits de quelques intervenants de la recherche menée par l’équipe « Le Monde »

Image

Les français nous ont massacrés, alors que notre peuple demandait leur indépendance
– Mathieu Njassep, président de l’association des vétérans de l’armée de libération nationale du Kamerun.

Image

Tout ce que l’on a appris jusqu’aujourd’hui, ce n’était pas l’histoire du Cameroun, c’était ce que la France voulait qu’on apprenne.
– Louise Mekah Fossi, fille d’un combattant indépendantiste camerounais.

Conclusion

L’exposé de ces faits, tiré de la vidéo et désormais confirmé par un rapport officiel de plus de 1000 pages, rappelle l’importance de revisiter et de reconnaître les zones d’ombre de la décolonisation. La violence de la répression, les massacres et l’implication continue de la France constituent des chapitres méconnus mais essentiels de l’histoire du Cameroun. Il appartient désormais aux responsables politiques de prendre conscience de ces événements et d’en assumer les responsabilités historiques, afin de réparer le passé et de construire un avenir fondé sur une mémoire partagée.

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